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Photo du rédacteurBénédicte Monnoye

Absurdie à tout prix - Episode 9

Dernière mise à jour : 23 déc. 2020


Il y a quelques jours, je me suis retrouvée dans une situation très surprenante. Je ne pouvais plus rester allongée que sur le côté droit. Envisager une position du côté gauche me donnait la sensation d'avoir embarqué à bord d'une toupie en plein tourbillon.

Je vous passe les détails. Cependant ces heures à fixer le même angle de vue m'ont ouverte à quelques cogitations.

Je me suis demandé ce que ça faisait de ne regarder que dans une seule direction au quotidien. Inlassablement. Et de ne pouvoir tourner la tête ni à gauche, ni droit devant. Ne regarder que d'un seul côté. N'adopter qu'une seule vision.

Au début j'ai trouvé qu' il y avait quelque chose de reposant; vous ne réfléchissez plus, vous faites ce qu'il vous est possible de faire. Vous tentez de trouver la position la plus confortable et vous en profitez. Cependant après quelques heures déjà, votre corps s'engourdit et vous envisagez alors de vous tourner un peu mais là encore, les vertiges du tourbillon s'annoncent et du coup vous abdiquez et retournez à votre position initiale même si devenue plus inconfortable. Au fil des jours vous essayez de vous retourner et de vous redresser tentant de résister à l'envahissement de troubles de l'équilibre. Et puis un jour vous êtes debout et réapprenez à marcher telle une renaissance.

Ce passage, tout en équilibre, m'a fait penser à notre monde, à la partie sombre de ce monde qui, je l'espère, disparaîtra un jour afin de laisser place à l'humanité.

Ce monde restreint par une vision unique, une pensée unique…

Ce monde où si ton cœur frémit au son de propos extrémistes, tu es catalogué trop sensible.

Ce monde où un goût de déjà vu est toujours présent.

Ce monde où chaque année de belles commémorations nous rappellent les horreurs perpétrées au sein de nos pays mais où des réfugiés en quête de sécurité qui essaient de passer la frontière en passant par les montagnes enneigées ou nos mers cimetières sont traqués sans cesse, la convention des droits de l'homme oubliée. Peu importe s'il y a des enfants. Heureusement que certains de ces humains sont recueillis par des citoyens bienveillants qui essaient de les retrouver et de les guider vers un endroit sécurisé où les soigner.

Ce monde de vision unique où si des victimes de violences policières ne sont pas blanches ou résidant en Brabant wallon, elles n'ont aucun intérêt pour le citoyen.

Ce monde qui annonce en premier titre des journaux que Joe Biden s'est foulé la cheville en jouant avec son chien (soit dit en passant, aucun journaliste n'a signifié la santé du pauvre chien) ou qu'Elisabeth II a malheureusement perdu un de ses deux derniers Corgis.

Ce monde où des empereurs politiciens se permettent d'envisager d'exterminer des populations en toute impunité, redistribuant la géographie du monde sans déranger quiconque.

Ce monde où des politiques tuent la culture à coup de coronavirus, pétrifient la population pour l'anesthésier. Boulot, dodo, consommation. Si ta vision s'élargit, une petite directive corona et tout le monde s'endormira.

Ce monde où il faut rentrer dans une catégorie ou choisir son camp et s'y tenir. Toute sa vie. Etre de droite, de gauche, de centre, de centre droite, de centre gauche, d'extrême droite, d'extrême gauche, religieux, laïc, républicain, croyant, végétarien, carnivore, omnivore, flexitarien, végan, hétérosexuel, homosexuel, intersexe, bisexuel, pansexuel… intello, cancre, dys, HP, tdh, être fan d'un artiste quel qu'il soit… Tout ça pour trouver une place?

Ce monde où il est préférable de ne pas regarder trop loin, d'avoir peur de ceux qui viennent de ce trop loin, d'éviter de les côtoyer, de les empêcher de rentrer...Adopter la vision restreinte à tout prix.

Ce monde où l'absurdité de notre vision unique ne colle pas avec la fête de Noël célébrant la naissance de Jésus, forcé à l'exil dès ses premières heures de vie et qui, pour avoir osé penser autrement a été dénoncé et tué.


Il y a tellement de choses différentes à découvrir, de nouveaux goûts à expérimenter, de coutumes à explorer, de mélodies à chantonner, d'histoires à raconter. Le monde est une richesse. Sortons de nos catégories, de nos petits tiroirs, osons faire un tour dans la commode d'à côté, la pièce, la maison, la ville, le pays voisin ou plus loin.

Osons nous émerveiller. De tout et de rien.

Osons une nouvelle naissance tout en souplesse.

Osons tourner la tête à gauche, regarder au loin, au-delà du brouillard.

Osons sautiller, tournoyer et danser.

Osons sortir de notre zone de confort devenue inconfortable.

Osons respirer à plein poumons.

Osons chanter.

Osons dire des choses gentilles.

Osons ce qui nous fait du bien et nous rend plus humain.


Je vous souhaite de belles fêtes de fin d'année.


Bénédicte

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