"Juste une dernière petite question..." Cette phrase, vous l'avez déjà entendue, non? Cette phrase qui amorce un Pourquoi? Cette phrase qui souvent arrive dans les situations les plus impromptues? Le matin au petit-déjeuner ou au moment critique du coucher? Cette phrase qui, en une fraction de secondes, vous met en suspens, vous emmène vers le doute, vers l'anticipation des possibles directions que votre vie prendra dans les toutes prochaines minutes: un débat philosophique... une polémique psychologique ... un débordement métaphysique le tout assaisonné sans doute d'une once d'injustice...
Dans ma tête à moi, à cet instant précis là, le temps s'arrête, un tourbillon de suppositions s'amorce, la peur s'installe... Cette peur de devoir interrompre mon action, ma pensée, celle de devoir réconforter, tempérer, élucider alors que ce n'est pas le moment, ce n'est plus le moment. Cette peur d'enclencher un engrenage dont je ne connais pas la fin. Oui, à cet instant-là précis, à cet instant où une faille s'immisce dans mon esprit, s'installe la peur des Pourquoi. Des... Pourquoi c'est comme ça? Pourquoi ceci? Pourquoi cela? Pourquoi c'est pas comme ceci? Pourquoi c'est pas comme cela? Pourquoi as-tu dit ça? Pourquoi t'es-tu comportée comme cela?... Ces Pourquoi qui débarquent d'où on ne sait pas... Ces Pourquoi qui n'en finissent pas... Ce Pourquoi du comment qui a commencé on ne sait plus quand... Étourdissement... Et le Pourquoi fatal qui induit le "C'est pas juste! Je n'accepte pas". Et là, la réponse je n'ai pas.
Il y a donc les Pourquoi du matin qui ont cogité toute la nuit et mûrissent au petit-déjeuner ou encore les Pourquoi qui se dévoilent le soir, dans un demi sommeil et qui réveillent, qui agitent. Les Pourquoi pour garder l'attention de l'être aimé. Les Pourquoi qui sonnent comme un délice. Les Pourquoi juste pour le plaisir. Les Pourquoi par ennui. Les Pourquoi qui s'emballent dans une mélodie frénétique. Ça fait peur tous ces Pourquoi!
Finalement, après ces millièmes de secondes d'hésitation, d'angoisse et de cogitation, je prends une grande respiration, je baisse les armes et j'accepte d'accueillir cette dernière petite question:
"Dis, maman, est-ce qu'on pourrait faire un câlin?"
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